La SNCF perd 20 millions d’euros de chiffre d’affaires par jour depuis le début de la grève contre la réforme des retraites. Mais ce mouvement social qui perturbe les transports a de lourdes conséquences pour le commerce, notamment en Île-de-France.
S'appuyant sur les témoignages des commerçants, la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Paris affirme que 96%* des marchands constatent une baisse de fréquentation de leurs magasins.
Pour affiner ces chiffres, on peut se fier aux données recueillies par plusieurs start-up : Tiller, partenaire de Credit.fr, qui vend des caisses connectées aux commerces de proximité peut mesurer à l'euro près l'impact de la grève sur le chiffre d'affaires de ses 8500 clients. En moyenne, les trois premières semaines de décembre, la baisse atteint 27% par rapport aux ventes réalisées sur les trois semaines précédentes. "C’est un impact assez important alors que ce mois est censé être un des meilleurs de l’année", explique Jennifer Moukouma, responsable du marketing pour Tiller. "Dans les arrondissements parisiens où il y a beaucoup d’entreprises comme le XIIème et le Ier arrondissement, on enregistre une baisse de 40 à 50 % d’activité".
La start-up Stackr propose quant à elle, des chiffres sur la fréquentation des magasins. Elle a en effet équipé 14.500 petites, moyennes et grandes surface de capteurs. Elle peut mesurer l’évolution de l'affluence quotidienne dans ces commerces. Durant les deux premières semaines de la grève (5-19 décembre 2019) elle a baissé de 6% comparativement à la même période de 2018, elle-même déjà fortement impactée par le mouvement des Gilets Jaunes.
L’hôtellerie est aussi particulièrement touchée. Pour le jeudi 5 décembre seulement, le taux d’occupation de l’hôtellerie francilienne affichait un recul de 10 points par rapport à l’an dernier, chiffre le cabinet MKG Consulting révélé dans un article de BFMTV.com. Pour autant, l'INSEE comme la Banque de France assurent que cette grève n'aura pas d'impact significatif sur la croissance. Pour François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, "ces mouvements pèsent finalement peu sur la croissance de l’économie, avec plutôt un simple décalage de l’activité", affirmait-il dans un entretien au Figaro. Décalage dans le temps et report d’un secteur à l’autre. Ce que la SNCF ou la RATP vont perdre, les VTC, les taxis, les stations service, les vendeurs de vélos le récupèrent.
* Selon une enquête réalisée par la CCI Paris Ile-de-France entre le 12 et le 15 décembre 2019, 311 commerçants se sont exprimés : 88 commerces dans le secteur de l’hôtellerie, cafés et restaurants / 42 commerces dans le secteur de l’alimentation / 177 commerces autres secteurs.