L'appel du 18 juin 1940

    [fa icon="calendar"] publié le Jun 19, 2020 12:00:00 AM, écrit par Quentin Martel

    18 juin 1940. Londres, dans un studio de la BBC. Un certain Charles de Gaulle s’adresse aux Français pour les encourager à continuer le combat contre l’occupant allemand. 

    Cet appel répond à celui du Maréchal Pétain, envoyé la veille le 17 juin 1940, qui leur demande a contrario, «le cœur serré, de cesser le combat».  

    Le gouvernement français est alors sur le point de négocier un armistice avec l’Allemagne nazie, entrée dans Paris le 14 juin 1940. 

    A l’aune de cette résignation, résister apparaît vain… Pourtant, une partie de la population ne se résout pas à déposer les armes !

    Du chaos au refus d’abandonner

    Mai – juin 1940. L’armée allemande a lancé une offensive à l’ouest. L’armée française, prise à partie entre la Belgique et les Ardennes, se retrouve coincée avec son alliée britannique à Dunkerque.  Le gouvernement français et ses forces militaires vont abandonner le combat… Mais un officier français s’y oppose farouchement, en la personne de Charles de Gaulle

    Aux yeux du grand public, c’est un inconnu ou presque : théoricien de formation, il est nommé commandant de la Quatrième Division cuirassée de réserve durant les premières semaines de la campagne de France (septembre 1939-avril 1940), puis Sous-Secrétaire d’Etat à la Guerre et à la Défense Nationale le 6 juin 1940.

    Charles de Gaulle est en étroite collaboration avec les Britanniques pour coordonner l’effort de guerre. Il a ainsi noué une relation d’estime avec le Premier Ministre britannique, Sir Winston Churchill, qui le soutient dans partie de ses initiatives, afin de montrer que le Royaume-Uni ne sera pas seul dans les combats en cours et à venir.

     

    18 juin 1940, le jour où De Gaulle lance son appel à la BBC

    C’est le 18 juin-même, accompagné de Geoffroy Chodron de Courcel (cousin de la future Bernadette Chirac et le premier des officiers engagés au sein des futures Forces françaises libres, dites FFL) que de Gaulle rédige son discours, avant de l’enregistrer dans les studios de la BBC, à 18H.

    Dès le début de son discours, de Gaulle accepte la défaite qu’il attribue autant à la “ force mécanique, terrestre et aérienne de l’ennemi ” qu’à sa “ tactique ”. Cette entrée en matière ne sert qu’à marteler en retour que la France «n’est pas seule» car elle dispose d’un «vaste Empire derrière elle», qu’elle bénéficie de l’appui de l’Empire Britannique ainsi que de «l’immense industrie des Etats-Unis» ajoute-t-il encore.  

    De Gaulle s’oppose directement à Pétain (alors même que sa brillante carrière militaire a été placée sous la protection de Pétain, avant que les différends militaires ne les éloignent), en considérant ce conflit comme européen -se rangeant-là derrière la position de Churchill, lorsqu’il affirme que “cette guerre est une guerre mondiale”. Plus encore, il assure que la France est en capacité de remporter cette guerre : “ nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là ” affirme-t-il ainsi au micro de la BBC. 

    Après cette entrée en matière vient le fameux appel aux Français : “Moi, Général de Gaulle {…} j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement… à se mettre en rapport avec moi”, car à ses yeux “ la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas!”

     

    Quel a été l’impact de l’appel du 18 juin ?

    Contrairement à l’idée reçue, et au grand dam du Général de Gaulle, peu de Français partagent alors cette opinion, et bien moins encore ont écouté le Général s’exprimer sur les ondes : à peine mille d’entre eux le rejoindront à Londres….

    En représailles, le gouvernement français le place en retraite d’office pour insubordination. Il sera traduit en justice, déchu de la nationalité française et même condamné à mort par contumace* … Désormais, une “guerre radiophonique” s’installe entre le Maréchal Pétain et le Général de Gaulle. L’un se pose en bouclier d’une Nation défaite et l’autre prône une victoire atteignable à ses yeux. 

    L’appel du 18 juin constitue le point de départ d’une France libre - face au gouvernement français, tenant d’une collaboration active avec l’ennemi - qui va se battre avec conviction pour sa liberté, aux côtés des Anglais et Américains, et conquérir sa place à la table des alliés vainqueurs de cette deuxième guerre mondiale. 

    A compter de cette date, estimant qu’elle marque la fin de sa carrière militaire, le Général ne portera plus ses innombrables décorations militaires

    Marqueur du refus de capituler et de la volonté de la France à résister à l’autoritarisme, l’Appel du 18 juin occupe, 80 ans après sa diffusion et sans doute pour toujours, une place éminente dans l’Histoire de France.   

     

    Pour aller plus loin nous vous proposons cet article qui vous expliquera pourquoi le Général de Gaulle ne porta plus ses décorations militaires après juin 1940 

     

    * décision judiciaire prononcée par un juge à l'issue d'un procès, en l'absence du condamné, qui se trouve en état de fuite

     

    Sources : lci.fr ; histoire-pour-tous.fr ; 

    Catégories: Société, histoire

    Quentin Martel

    écrit par Quentin Martel